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Le Kenya est un pays que j'ai beaucoup pratiqué il y a une douzaine d'années en le survolant en aile delta et en faisant la première du Mont Kenya.  Je me suis également largué à plusieurs milliers de mètres au dessus de "Masaï Mara Game Reserve" à partir du ballon d'un Anglais qui faisait un film. Dans la même réserve, à la grande surprise des Masaïs j'ai décollé du toit de Serena Lodge pour atterrir quasiment sur le dos d'une lionne qui sortait d'un buisson et que j'ai aperçu au dernier moment.

 

C'est au cours de ce voyage que j'ai eu l'idée d'organiser des Safaris en Ballon. 

 

J'ai gardé dans les yeux les images et les couleurs d'un pays fabuleux et j'y retourne aujourd'hui avec beaucoup de nostalgie. 

 

 

Les "péages" clandestins de Mombasa Airport

 

Je repense à notre vol sans histoire via Vienne, à notre arrivée à Mombasa ou un douanier m'a "opéré" de main de maître en me soutirant un pot de vin conséquent (le comble est que lorsque j'ai fait savoir que je devais justifier de mes dépenses il m'a rempli et signé un reçu "officiel" en me recommandant de n'en parler et de le montrer à personne - le motif de la "taxe" est l'entrée de mes films que j'ai ramené en France dans leur totalité). 

 

Les policiers de l'aéroport nous voyant passer avec notre matériel pour accéder à notre petit avion de location ont pris le relais en créant une comédie baroque bien africaine histoire de me rappeler que le "mousoungou" (homme blanc) est au Kenya une vache à lait bien grasse que l'on doit traire. 

 

Avec bien des palabres sur le niveau du backshish nous finissons par passer les contrôles de sécurité sans être contrôlé. Quel paradis pour le terrorisme international ! (Fort de mon expérience précédente j'ai demandé en vain un reçu mais sans insister car "l'affaire" commençait tourner au vinaigre)

 

La corruption a de toute évidence pris des proportions démesurées et nous sommes bien loin des vertes prairies enchantées du film "Out of Africa". (En passant, les producteurs de ce film ont du payer d'énormes "bakshish" pour pouvoir mener à bien leur entreprise. En récompense,  "Out of Africa" a battu tous les records de publicité pour le développement de l'industrie touristique du pays dont le chiffre d'affaire a tout simplement doublé quelques mois après sa sortie dans les salles publiques).

 

L'avidité tous azimuths est sans limite (légale ou illégale). La corruption et le racket existant autrefois mais difficiles à déceler deviennent de nos jours apparents, très agressifs et omniprésents. 

 

Il était même fortement question récemment de taxer l'usage des camÇras video amateurs... les professionnels du tourisme alarmés ont su expliquer que ça tuerait la poule aux œufs d'or, mais ce n'est certainement que partie remise et l'épée de Damoclès reste suspendue.

 

Les descendants des colons restants au Kenya y vivent avec l'angoisse de voir un jour une bande de gangsters armés briser leurs portes et faire irruption en tuant tout ce qui proteste pour dévaliser ensuite la maison. Combien de personnes ont été ainsi massacrées ces dernières années à coup de coupe coupe.... (un pilote de brousse bien connu s'en est sorti de justesse le visage et le corps en lambeaux).  Les rues de Nairobi autrefois relativement sûres sont de nos jours impraticables la nuit à pied... certains équipages de la Lufthansa se rappelleront de leur arrivée remarquée Ö l'hôtel Serena... nus comme des vers mais contents d'être vivants.

 

La croissance démographique galopante n'améliore pas cette situation. Le Kenya se trouve en face de son destin. Sa population doit doubler avant la fin de ce siècle. Le pape Jean Paul II visitait récemment ce pays en dénnonçant les principes de la contraception et du contrôle des naissances. Si l'on visite les bas quartiers des grandes villes comme Mombasa, Nairobi, on a du mal Ö comprendre...

 

Le Kenya reste pourtant un pays très attachant et une certaine forme de stabilité y règne. 

 

Des conseillers européens sont omniprésents à tous les niveaux de l'organisation gouvernementale et industrielle.

 

Le tourisme, une des industries principales, est très bien organisé par des professionnels de haut niveau et le voyage en vaut vraiment la peine.

 

 

Décollera ? décollera pas ?

 

Après notre "slalom" entre les "péages" clandestins de l'aéroport de Mombasa nous nous heurtons au casse tête chinois du chargement des 250 Kg de matériel dans le Cessna 206 que j'ai loué pour le transport de toute l'expédition.

 

Dans un bain de sueur, coincés en bout de piste entre deux Boeing, nous obtenons le feu vert de la tour de contrôle en nous demandant si notre avion va bien vouloir décoller.  Après une course interminable riche  en rebondissements, notre pilote finit par nous arracher du sol en tirant sur le manche avec une extrême douceur. "La portance est une fine fleur qui naît de la vitesse" ... la surcharge est parfois une dure réalité des lois de l'air. 

 

Mais cette fois-ci nous volons tant bien que mal et nous restons pendant longtemps au ras des marguerites sans trop oser prendre de l'altitude. La piste de Mombasa n'est bientôt plus qu'un mince ruban de béton perdu quelque part dans notre sillage. Mes calculs de poids, de volume et d'encombrement des bagages s'avèrent vraiment très justement calculés.

 

C'est parti ! C'est le début d'une aventure que j'ai préparé depuis quelques mois. J'avais déjà effectué une premiäre tentative qui a avorté en Novembre 1988. Le pilote choisi, merveilleusement bien dirigé par son conseiller en communication n'est pas venu. Le dit conseiller n'a rien trouvé de mieux que de m'avertir à 3 heures du matin que mon pilote ne viendrait pas avec l'avion de 8 heures. 

 

J'y ai laissé quelques économies conséquentes. Etant têtu et tenace comme tout bon Breton qui se respecte, j'ai remonté cette expédition avec deux nouveaux pilotes. Et le résultat me dit aujourd'hui que ma bonne étoile veillait peut-être au grain.

 

Amboseli

 

Le hasard de la vie, la réalisation de mon métier de photographe, la rencontre avec Philippe Laville pilote d'essai de la Voilerie Soubeyrat et avec Philippe Jeorgeaguet fabricant du système de motorisation Jet Pocket nous a réuni dans cet avion qui cahote et louvoie entre les nids de poule de la piste d'Amboseli. 

 

Le Kilimanjaro nous accueille et nous fait la grâce du spectacle de ses neiges éternelles.

 

Sans attendre nous rencontrons Naftali Kio (responsable par interim de la réserve en l'absence de son Chef). Nous avons payé une petite fortune pour obtenir à Nairobi une autorisation de survol des parcs Amboseli et Nakuru. Quant à l'autorisation dans le Masai Mara, le problème se réglera sur place. 

 

J'avais obtenu cet accord à Nairobi en Novembre dernier lors de ma première tentative avortée par désistement du pilote. Le prix demandé par le "Wildlife Departement" était alors raisonnable. 

 

Cette fois-ci il a soudainement augmenté  étant multipliée par cinq la veille de notre départ. Je n'avais plus le choix, j'ai du céder au chantage.

 

Ces droits sont habituellement demandés aux réalisateurs de films TV, publicitaires ou de production qui sont nantis de moyens autrement plus importants que ceux d'un pauvre photographe... mais c'est l'Afrique Bwana et si on veut faire avancer un projet, on paye sans discuter... ! ... et quelle différence y a t-il entre une camera cinéma 35 ou 70 m/m et un Leica  ?

 

Je me dis que cet argent servira pour la bonne cause et j'espère qu'il sera spécifiquement investi dans la lutte anti braconage.

 

Naftali s'est avéré être un compagnon charmant et dévoué qui nous a aidé et laissé faire notre travail sans difficulté.

 

 

Premier vol

 

Sans le savoir le terrain que nous avons choisi pour décoller se trouve sur le chemin d'un troupeau d'éléphants qui nous rejoint par le côté sous le vent alors que nous étions hors des voitures en train de préparer nos appareils.  Ils sont rentrés dans notre champ d'action sans même que l'un ou l'autre d'entre nous préoccupés par notre travail aient remarqué leur approche. Très organisés, leur avant et arrière garde nous a bien fait comprendre que nous ne devions pas faire de gestes inconsidérés... mais ces pachydermes intelligents (protégeant les petits au centre du troupeau) sont passés sans un bruit Ö quelques mètres en prenant bien soin de ne pas nous déranger et de respecter notre "territoire".

 

Dans la savane, le non respect de cette notion de territoire est intimement liée à la vie ou à la mort.  Par exemple,  dans un autre lieu ou dans une autre situation ces animaux ne nous laisserait pas les approcher à pied par le côté au vent à une distance inférieure à celle qui nous sépare d'eux en ce moment.

 

La "caravanne" passe et s'évanouit dans la nature. (Naftali les avait vu venir mais savait parfaitement bien que nous ne courrions aucun danger)

 

Philippe Laville n'avait jamais volé avec le Jet Pocket. Je savais pour avoir essayé l'appareil qu'un pilote de parapente de haut niveau n'aurait aucune difficulté à manipuler cette machine. Pari tenu, pari gagné. Philippe décolle sans difficulté et après quelques minutes de vol il entame une dance acrobatique d'une remarquable précision. Le spectacle sur fond de Kilimanjaro vaut le déplacement. Je me réjouis de mon choix final en pensant aux images que nous allons pouvoir faire.

 

 

"Ne tuez pas les éléphants"

 

Je me rappelle il y a une dizaine d'années avoir entendu au cours d'un pique-nique dans le Masaï  Mara, non loin de la frontière Tanzanienne, des rafales d'armes automatiques de braconniers en action de chasse.

 

A la suite de cet évènement, je me suis promis de ne jamais manquer l'occasion de lutter contre ce carnage écœurant.

 

Aujourd'hui grâce Ö ces photos j'ai la parole et la possibilité d'amplifier un message déjà lancé par beaucoup d'autres et qui mérite d'être répété sans cesse jusqu'au moment où l'Homme comprendra que s'il n'est pas capable de préserver les espèces animales en voie de disparition, il n'aura alors aucun droit de vivre sur cette terre.

 

Il y a quelques mois la presse internationale diffusait l'annonce de massacres d'éléphants dans le Parc du Stavo. Pour un rapport de ce genre, combien d'autres carnages ont eu lieux dans le silence ?

 

Au Kenya une rumeur probablement véridique court : un jour un Lear Jet en provenance d'un pays arabe s'est posé directement sur la piste de Keekorok dans "Masaï Mara Game Reserve" . Des princes fortunés en sont descendus avec armes et bagages et ont été faire une partie de carnage en pleine réserve. Les chauffeurs de bus pour touristes en parlent encore avec émois car ils ont été les témoins de la tuerie en trouvant les carcasses d'animaux massacrés. La terreur règne et personne ne sera assez fou pour risquer de divulguer la nouvelle officiellement.

 

Les médias et les dirigeants de ce monde doivent bannir avec force le commerce de l'ivoire,  ou de tout autre trophés mettant une espèce animale en danger. 

 

Le public doit réfléchir avant d'acheter un trophé animal. Aucun d'entre eux n'est insignifiant et l'acquisition d'une bague en poil d'éléphant signe un arràt de mort tout autant qu'une bague en ivoire.

 

La disparition d'une espèce est un glas qui sonne pour l'humanité. 

 

Mes deux nouveaux amis comprennent bien le sens du message et font merveille. Grâce à eux et avec eux nous avons pu réaliser ces images spectaculaires qui deviennent de ce fait le vecteur de transport du message "Ne tuez plus les éléphants".

 

Nous avons passé une petite heure fiévreuse à l'écrire en anglais sur nos casques.

 

Un matin Philippe et Philippe effectuent un slalom entre les éléphants d'un troupeau  qui me fonce dessus.

 

Cette charge ponctuée par la poussière de sel qui vole autour des animaux est grandiose mais devient très vite impressionnante. Naftali et mon assistant me supplient en hurlant de démarrer. Résistant à la même envie (au demeurant de plus en plus incontrôlable) j'emmagasine quelques photos de la scène et n'attends pas plus longtemps de voir si le moteur de notre voiture veut bien remplir ses fonctions.

 

A ce qu'il paraît les animaux n'étaient qu'à quelques mètres derrière nous au moment où, première hurlante, je passais en seconde puis en troisième.

 

Un peu plus tard, selon une tactique bien connue les pachydermes se regroupent en cercle de défense. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur trompe qu'ils dressent verticalement en l'air afin de sentir et de reconnaître cet intrus qui leur "casse les oreilles".

 

Dès que je suis sûr d'avoir fait une bonne photo, je lance le signale d'interruption des vols et nous laissons nos amis se remettre tranquillement de leurs émotions.

 

Notre intrusion est probablement moins importante que celle engendrée par les milliers de voitures qui années après années détruisent le sol des Parcs et des réserves. 

 

Que dire de ces pauvres lions qui tentent de manger leur proie dans un nuage de gaz d'échappement sous les flashs d'une ribambelle de touristes.

 

Il y aurait beaucoup Ö raconter sur l'exploitation financière des réserves au détriment de la vie sauvage.

 

Certains groupes d'intérêt économique puissants sont dirigés par des "prédateurs" qui bloquent ou retardent la réfection des routes d'accès et de circulation dans une réserve bien connue afin de mieux vendre les sièges de leurs avions charter et de freiner le développement de leur concurrents. Le résultat est que les touristes qui viennent par la route ne voulant pas rester bloqués quittent la piste défoncée pour essayer de passer à côté. Années après années pendant la saison  des pluies des nouvelles ornières s'élargissent et se multiplient. Vu du ciel le sol n'est plus qu'un incroyable entrelacis de pistes et de labours dont les conséquences sont désastreuses pour le biotope.

 

Le tableau n'est pas aussi noir partout et il existe des bonnes nouvelles. Par exemple, Ö cause des voitures, le Parc National d'Amboseli se transformait petit à petit en un désert de poussière de sel. Les autorités l'ont bien compris et ont heureusement interdit aux voitures de quitter les pistes.

 

 

Même les éléphants

 

Un soir lorsque nous quittons Serena Lodge le vent souffle à la limite des conditions de vol. Très vite nous repérons un troupeau d'éléphants qui prend un bain de boue dans un marais recouvert d'herbes d'un vert tendre et lumineux.

 

Sans grande conviction, nous préparons nos appareils non loin de là. Occupés par notre affaire, nous ne réalisons pas que deux éléphants se dirigent vers nous en mangeant.

 

L'un d'entre eux avec un comportement bizarre, nous oblige à évacuer la zone sans discuter en abandonnant sur place un des Jet Pocket... Il flaire la machine mais semble préoccupé par autre chose. 

 

En fait il est dans tout ses états et entame alors un simulacre de combat avec sa compagne. Quelques instants plus tard il enroule sa trompe autour de sa patte arrière et l'attire vers lui fermement.  Nous assistons alors à un accouplement éléphantesque sous une nuée d'oiseaux blancs qui s'envolent pour ne pas se faire piétiner. 

 

Image idyllique dans la lumière du soleil couchant.

 

Sans le savoir nous venons de voir un évänement rare :  Naftali le "Game Warden" nous fait remarquer qu'il n'avait encore jamais vu ou entendu parler de l'accouplement de deux éléphants mâles !

 

Pensez donc, ça arrive aussi chez les éléphants !

 

Il était dit qu'il n'y aurait pas de vols ce soir-là car nous avons dû attendre jusqu'à la tombée de la nuit que les deux pachydermes s'en aillent s'ébattre ailleurs pour récupérer notre Jet Pocket.

 

Un œil d'aigle

 

Le dernier soir de notre séjour à Amboseli, j'ai fait venir de Nairobi un merveilleux petit avion : un Cessna 210 "turbo charged" qui m'a permis sans problème de survoler le cratère du Kilimanjaro à 8500 mètres d'altitude. Je réglais ainsi un vieux différent avec cette montagne de légende qui ne s'était jamais "laissée faire" depuis les dix ans oû je voulais réaliser cette photo. En effet j'ai toujours trouvé le Kilimanjaro recouvert de son chapeau de nuages… pas de photo ! 

 

Cette fois-ci j'ai découvert que le sommet à son exacte verticale a la forme d'une tête d'aigle dont l'oeil est le cratère.

 

Il y a des moments privilégiés dans la vie et ce soir là en est un. 

 

La terre déjà s'assombrit alors que nous volons encore dans la lumière d'un horizon qui s'embrase.  Là bas, tout en bas, au pied du Kilimanjaro, sous les nuages éparts, la plaine d'Afrique s'étale grouillante de vie. Un spectacle rare s'offre à mes yeux et j'ai le sentiment d'avoir la chance formidable de faire le plus beau métier du monde.

 

Un nuage de flamands roses

 

Une fois encore nous nous retrouvons coincés dans la carlingue de notre petit avion de location.

 

Sur terre, dans la Rift Valley des Masaïs sortent leur bétail de l'enceinte des Manyatas, (villages dont les cases en bouses de vaches sont disposées en cercle).  Les couleurs ocres dominent et dans la lumière matinale le ciel au bleu fixe se parsème déjà de "trains" de nuages cotonneux. Notre avion salue mollement ces cumulus qui se chargent doucement en énergie selon un rituel aérologique quotidien établi depuis la nuit des temps. 

 

La journée sera chaude et voler cet après midi serait certainement un peu plus mouvementé.

 

Le cratère du volcan "Longonot" défile sous nos yeux. Un avion s'y est crashé il y a plusieurs années. Son pilote s'est laissé prendre par le piège mortel du jeux de rase-mottes se faisant prisonnier des turbulences et du bouillonnement aérologique qui règne dans cette cuvette.

 

A son pied le lac "Naivasha" miroite comme un bain de mercure. Au fond de la Rift Valley une station d'écoute de satellites éclate de blancheur et marque le contraste entre le mode de vie millénaire du peuple Masaï et la technogie moderne la plus sophistiquée.  

 

Nakuru est un lac salé où des milliers de flamands émigrent périodiquement au gré de la présence et du niveau de l'eau dans laquelle se développe une espäce d'algue dont se délectent ces oiseaux.

 

Suivant l'époque de l'annÇe, ils sont plus ou moins roses.

 

Sous l'œil curieux de Marc le "Chef Warden" de service, Philippe Jeorgeaguet tente le premier décollage. Il court, court comme un fou et semble ne jamais pouvoir s'arracher du sol.

 

L'altitude et la chaleur font que nos moteurs sont Ö la limite de la puissance nécessaire au vol. Le résultat est que le pilote doit courir très longtemps pour enfin décoller lourdement à la limite du crash . 

 

Les deux Philippes sont des athlètes en pleine forme et ils ont surtout un moral d'acier qui leur permet de surmonter toutes les difficultés que nous rencontrons. Leur adresse et leur qualité nous permet d'assurer les vols tant bien que mal dans des conditions extrêmes. Ils ont pris des risques énormes en faisant confiance au matériel et je n'ose penser aux conséquences d'une panne mécanique.

 

Signalons en parlant de risques que Philippe Laville à Amboseli a manqué un décollage à cause du vent qui a brutalement changé de direction au dernier moment. Je le revois avec horreur se crasher avec un bruit d'hélice qui éclate, de moteur qui soudainement devient silence. Rien ne bouge pendant un instant qui se fait éternité ... Un "M...." sonore s'échappe du nuage de poussière qui déjà se dissipe. Tout va bien. Philippe désolé tient dans la main une chose poussiéreuse qui semble être un Leica dont le boitier des piles a volé à dix mètres.

 

Après vérification du matériel, mise en place d'une nouvelle hélice il redécolle avec un autre appareil photo. Toujours aux limites, tout se passe bien cette fois ci.

 

Le crash arrive pour la même raison à l'atterrissage. Nous arrêtons les vols pour la journée. Il n'y a aucun mal corporel et Philippe Jeorgeaguet fait des miracles de mécanique.

 

Amboseli (traduction : tourbillon) est célèbre pour ces petites tornades de poussière qui comme des stalagmites gigantesques se plantent Ö l'envers dans la terre, montent soudainement vers le ciel, grossissent en ondulant et disparaissent tout aussi vite qu'elles sont venues.

 

Je pense à une époque où je mangeais au Mac Donald pour pouvoir m'offrir mes appareils photo. Aujourd'hui nous en avons matraqué deux qui après un nettoyage complet s'avèrent fonctionner parfaitement bien. La technologie allemande justifie sa lourdeur par une incroyable résistance. Certainement, très peu d'autres appareils auraient résisté à ces "coups de marteau". D'ailleurs Philippe emportera avec lui un de ces deux appareils pour survoler Nakuru.

 

Une "marée" rose se transforme en un nuage de flamands qui s'évadent dans tous les sens Ö l'approche du parachute. L'homme pendu au bout de ses suspentes sous sa voilure vole de concert avec les oiseaux. Mon appareil débite des kilomètres de film et le spectacle encore une fois est époustoufflant. Nous avons choisi les couleurs des ailes et des combinaisons en pensant d'une part Ö ce moment et d'autre part au contact avec les Masaïs du Mara.

 

Les flamands n'ont rien à envier aux Philippes en ce qui concerne la longueur de la course nécessaire au décollage. Avec des enjambées qui se transforment en pas de géant ils prennent l'air et reviennent se poser au même endroit d'un vol gracieux. Leur décollage et leur atterrissage est parfois comique. Ils ne semblent pas du tout Ö l'aise dans ces manœuvres.

 

Je fixe fébrilement mes boitiers télécommandés à une perche fixée sur le ventre du pilote. L'œil de l'objectif se tourne tourbà tour vers ce dernier ou vers l'avant suivant le choix du moment. J'emploie un grand angle à cause de la grande plage de netteté (profondeur de champ) qui s'étend de quelques centimètres à l'infini. Ainsi en choisissant judicieusement le cadrage j'arrive à obtenir le portrait de Philippe portant son casque imprimé "Don't Kill the Elephants"  en premier plan avec les flamands et l'autre parachute en arriäre plan. Le truc est d'appuyer sur le déclencheur électrique au bon moment. Seul le hasard décide de la qualité des images car il est absolument impossible de connaåtre l'instant favorable de la prise de vue puisque personne ne regarde dans le viseur.

 

Ma bonne étoile veille au grain et nous avons pu copier en photo à peu près tous les dessins que j'ai fait en France avant notre départ sur un cahier pour montrer aux deux Philippe le résultat escompté et le montage du reportage.

 

Roland, un ami descendant de ces colons Anglais qui ont créé le Kenya et qui vit dans ce pays, nous accompagne à Nakuru. Il admire ces deux garçons remarquables qui volent en ce moment à 10 cm de la surface du lac.

 

Je m'exclame en plaisantant :

 

- " Hé Roland, la vie est vraiment trop dure.... j'ai le métier le plus pénible, le plus horrible du monde et ces deux Philippe ont réellement l'air de s'embêter  la haut ! ..."

 

Roland répond :

 

- " J'ai l'impression que vous vivez votre vie mille fois plus vite et intensément que la plupart des gens que nous rencontrons dans les lodges."

 

En fait le bonheur est une petite étincelle toute simple et l'exploit consiste bien souvent Ö vouloir faire ce que l'on aime.

 

Sur ces bonnes paroles l'ami Laville attaque une sarabande acrobatique Ö faire pâlir d'envie la communauté de flamands roses dont certains manquent leur décollage dans un splash du meilleur style véliplanchiste.  Lui s'il ne fait pas ce qu'il aime en ce moment ...!

 

 

En route pour le Mara

 

Une heure de vol nous sépare de "Masaï Mara Game Reserve". Je sais par expérience que les difficultés nous y attendent.

 

Comme je l'ai mentionné, j'ai vécu dans cet endroit magnifique où à chaque instant il se passe toujours quelque chose et l'histoire contemporaine du Mara est lourde de faits divers.

 

Il n'y a quelques années il n'était pas très rare de voir des bandes armées faire irruption dans les lodges en tirant sur tout ce qui bouge. Un jour, au petit matin, un groupe de touristes terrorisés est revenus à Governor's camp après avoir, pieds nus, transporté sur des dizaines de kilomètres toutes leurs affaires personnelles pour le compte de pirates armés qui menaçaient purement et simplement de les exécuter à la moindre protestation. Sans connaître les lois de la savane ils ont réussi l'exploit incroyable de rentrer vivants en pleine nuit au beau milieux d'animaux sauvages ! (Leurs pieds étaient complètement lacérés par les épines d'accacias)

 

De nos jours, les camps et les Lodges s'organisant des milices armÇes, le spectre de ce grand banditisme tend toutefois à disparaître. Même si des cas isolés d'agression existent encore puisqu'au cours de notre séjour des touristes résidants à Governor's Camp ont été dévalisés sans vergogne dans leur tente pendant la nuit...

 

Pourtant en Octobre dernier du côté de Keekorok Lodge une jeune fille a été trouvée morte déchiquetée à proximité de sa voiture. Personne n'explique l'évènement. La liste de ces évènements est longue ....

 

Mais dans le Masaï Mara, de par le jeu de la nature, la vie et la mort se côtoient comme deux bonnes amies. Ces notions ont ici une autre valeur. Cejeu de la nature fascine l'homme moderne et force son désir d'un retour aux sources, son voyeurisme et une certaine forme de nostalgie pour cette grande fête sauvage.

 

Ainsi des "wagons" de touristes américains pleins de dollars débarquent dans le Mara. Les émules de Karen Blixen  (Out of Africa) s'affichent en tenu Kaki façon chasseur blanc dans les lodges luxueuses et sirotent au coin du bar un cocktail exotique en contant avec un petit frisson la rencontre yeux dans les yeux avec le lion de service ou avec un buffle au regard glauque...

 

A chacun sa mode. Nous, on donne dans les couleurs plutôt criardes et fluo.... mais je raconte le voyage avec un temps d'avance et nous sommes toujours dans notre Cessna 206 ...

 

Un aigle effrayé, devant, plus haut, plonge en catastrophe et manque de nous percuter ...

 

Là bas sur notre gauche je reconnais la route qui va de Narok à Keekorok Lodge. Au loin se dessine l'escarpement qui surplombe les vertes prairies du Mara.

 

 

Scoop en direct

 

Par radio j'appelle Keekorok Lodge où se trouve le " Chief Game Warden". On nous confirme sa présence.

 

Ayant atterri, nous ne le trouvons pas. Par radio toujours on apprend qu'il se trouve à Serena Lodge. Qu'à celà ne tienne nous décollons vers Serena qui se trouve à un quart d'heure de vol. 

 

Le nouveau "Chief Game Warden" vient de prendre ses fonctions et il nous attend sur la piste avec son adjoint. 

 

Je montre des dessins expliquant clairement notre intention de survoler les animaux à très basse altitude pour faire nos photos.

 

L'atmosphère est lourde et pleine de sous-entendus. Il eut été très intéressant de pouvoir mettre à jour la pensée de chacun à ce moment...

 

On me dit que je dois demander la permission de voler au bureau central à Nairobi. Cela a déjà été fait mais rien à faire, mes interlocuteurs ne veulent rien entendre. Nous savons tous que le bureau central de Parcs Nationaux n'a aucune autorité sur cette réserve. 

 

A la suite de ce dialogue de sourds nous redécollons pour nous installer dans un des camps les plus prestigieux du Kenya au pied de  Ololo Escarpement à "Kichwa Tembo Camp".

 

Par radio, et par l'intermédiaire d'un ami le Wildlife Departement de Nairobi me reconfirme que l'autorité dans le Mara est le "Chief Game Warden" local. 

 

Je retourne le soir même à Serena pour rencontrer son assistant et lui expliquer que je suis prêt à payer la petite fortune conseillée par le bureau central de Nairobi, mais que je ne suis pas du tout prêt à attendre la fin de mon séjour pour payer et m'en aller sans voler.

 

Je finis par obtenir la permission demandée. Je sais qu'il faut faire vite, très vite. J'établis un programme de travail en conséquence : les lions d'abord, ensuite les photos avec les Masaïs et je décide de voler seulement après avoir assuré ces prises de vues. 

 

Je me réjouis à la pensée d'aller tourner autour des "Balloons Safaris" qui évoluent non loin de là tous les matins avec leur plein de passagers. 

 

Les pilotes anglais salariés qui font tourner l'affaire apprennent que je suis le fondateur de cette entreprise et m'invitent à voler avec eux.

 

Le Safari en Ballon est devenu de nos jours une des activités touristique la plus rentable du Kenya. L'affaire dégage plusieurs millions de dollars de profit tous les ans. Une vingtaine de ballons survolent le Mara en embarquant journalièrement une douzaine de passagers chacun. (Pour les amateurs, il vaut mieux réserver sa place à l'avance).

 

Après 4 ans de lutte pour la survie de cette entreprise j'en ai perdu le contrôle au moment où l'évolution de la  technique allait transformer mon rêve en une des plus formidable mine d'or "volante" de notre époque. 

 

Des collaborateurs peu scrupuleux trouvèrent plus rentable de faire  en sorte que je finisse par m'écarter des affaires afin  d'avoir le champ libre pour organiser un trafic de drogue sur le dos des touristes de passage dans le Masaï Mara. Ils faisaient rapatrier en France, la  drogue, à l'insu de ces gens, dans des boites de films "à faire développer" en leur demandant d'expédier le colis directement à  des consommateurs assidus. Le traffic s'est heureusement terminé dans les prisons du Narok County Council (chef lieu local) et par une expulsion et une fuite du pays de toute l'équipe. 

 

J'étais à ce moment là en France en train de me démener avec des problèmes de survie élémentaire tout en m'acharnant, pour me reconvertir, à transformer  une vieille passion en un métier de photographe.

 

Mais revenons à notre reportage sur les parapentes. Ayant donc reçu le feu vert des autorités locales nous nous levons très tôt le lendemain matin. Pratiquement à 500 mètres du camp 2 lions dégustent les restes d'un phacochère.

 

La lumière est superbe et l'orientation du vent est idéale pour permettre des passages en vol au bon endroit.

 

Philippe et Philippe s'équipent et je leur recommande encore une fois de ne pas descendre plus bas que les arbres afin d'une part de ne pas déranger les lions pendant leur repas et surtout d'autre part de ne pas leur servir de repas de substitution.

 

Je vais me mettre en position avec la voiture. L'idéal eut été d'employer un télé objectif et de faire des photos Ö grande distance. Mais ce n'était pas possible, les hautes herbes faisant écran ils n'auraient pas été visibles sur la photo. Je me contenterai d'une image avec les animaux en premier plan et au loin en tout petit: les parachutes...

 

Quelques voitures de touristes s'attardent et finissent par s'en aller à l'heure du breakfast. Nous en profitons et les deux Jet Pocket décollent.

 

J'ai vérifié mes Leica qui sont pour la circonstance équipés de "grands angles". (Ne prévoyant pas utiliser le télé, je n'ai pas vérifié l'appareil fixé sur cet objectif qui reste enfermé dans sa valise).

 

Les parachutes arrivent et rien ne se passe comme prévu. Dès le début les lions intrigués quittent leur festin et s'éloignent en trottinant dignement vers une zone ou les herbes sont moins hautes.

 

J'ai en fin de compte peut-être plus de chances que prévu :

 

Fiévreusement, avec la voiture, je m'Çcarte largement et je contourne les deux félins à grande vitesse pour aller me positionner 200 ou 300 mètres devant eux sur leur trajectoire présumée. 

 

Il faut avoir un œil sur le terrain, un autre sur les lions, penser à fermer la fenêtre Ö cause de la poussière au moment du coup de frein, récuppérer un appareil qui "saute" hors du sac, conduire avec les genous, passer les vitesses, calculer dans l'espace la trajectoire du parachute et le chemin que vont prendre les lions en fonction du vent, du terrain et du refuge de la forêt toute proche. A la volée j'attrappe la boîte du télé de 280 mm, l'ouvre, freine tout en conduisant avec le genou. Je réouvre la fenêtre, les lions arrivent, moteur coupé, je me cale sur la portière. (au ranger qui m'accompagne:  "please don't move". Les sursauts d'une personne transmis au véhicule peuvent me faire faire des photos floues) D'un œil je fais la mise au point sur les lions, de l'autre je contrôle la trajectoire du parapente qui rejoint presque déjà celle des animaux. 

 

Je tente de calmer la petite exitation intérieure du chasseur d'images sur le point de faire une photo importante.

 

Une vielle habitude et un petit quelque chose dans mon subconscient me poussent à vérifier mon appareil.  Horreur! ... la petite fenêtre témoins est vide de film. Fébrilement, je change de boîtier. Je retrouve presque la composition initiale et je me mets à photographier en rafale au moment même où le premier parachute rentre dans le cadrage. 

 

Je reconnais dans le viseur Philippe Laville à son sourire. A l'inverse de tous mes conseils il survole la tête du lion à quelques centimètres !

 

Un instant qui me semble être une éternité le lion se retourne, regarde Philippe entre quatre yeux, hésite, ralentit un peu et se remet à courir de plus belle.

 

 

Il avait des beaux yeux

 

"C'est super, quand j'approchais le lion, il s'est retourné et nous nous sommes regardés les yeux dans les yeux. De toute ma vie je ne l'oublierai jamais. Il avait des yeux magnifiques avec des paillettes jaunes. En tout cas nous nous sommes bien compris tous les deux..."

 

En rentrant au camp le ranger qui nous accompagne me tire par la manche et pointe dans la direction de la carcasse : les 2 lions terminent tranquillement leur festin. Il me fait remarquer que cette rencontre d'un autre genre ne semble pas leur avoir enlevé l'appétit et qu'après tout notre engin volant est un moyen intéressant de visiter les réserves.

 

Nous exultons car nous savons que le succäs de notre reportage repose sur ces prises de vues. 

 

Je n'ai pas le courage de reprocher à Philipe d'avoir pris tant de risques et je me souviens avoir fait à peu près les mêmes bêtises à une autre époque. Il faut bien que jeunesse se passe.... 

 

Notre chance est absolument insolente surtout à cette période de l'année. La saison des pluies s'est installée sur Amboseli le lendemain de notre départ. Nous apprenons qu'il pleut également à Nakuru et ici le temps est au beau fixe. 

 

Le jour suivant notre bonne étoile veille encore et nous faisons les dernières photos clés du reportage avec les Masaïs. 

 

Après cela, le ciel ou les Dieux peuvent bien nous tomber sur la tête, le sujet est comme on dit en jargon du métier "dans la boîte"...

 

 

Les Dieux sont tombés sur la tàte

 

Il était écrit que je ne volerai pas au dessus du Mara car le soir même le secrétaire du Narok County Council (je ne sais pas son nom car il n'a pas eu la moindre politesse de se présenter) accompagné du Game Warden (dont je ne connaît d'ailleurs que le prénom) vient nous interdire de voler et me convoque à son bureau à Keekorok Lodge. N'ayant volé que pendant 2 jours je réclame sans illusion et en vain le remboursement des  sommes d'argent importantes que j'ai versées pour avoir le droit de voler et de faire des photos pendant au moins 8 jours. La situation est compliquée et difficile à comprendre. 

 

Le lendemain le ranger en service au camp s'attache à nos baskettes et nous suit partout nous demandant où nous allons à chacun de nos mouvements.

 

Ca sent le roussi et nous ressentons la forte impression d'être prisonniers. Trois hyppothèses s'offrent à nous:

 

La première, pour des raisons que nous ne connaissons pas ces gens là veulent nous coincer méchamment et tentent de nous attirer sur leur terrain hors des yeux et des témoignages des touristes. Dans ce cas il faut faire venir notre avion sans tarder et trouver un moyen de rejoindre un semblant de civilisation à Nairobi ou à Mombasa.

 

La deuxième est l'alternative d'une négociation "commerciale" dans laquelle il faudra encore payer plus d'argent pour continuer à voler ou tout simplement pour pouvoir repartir à temps pour prendre notre vol retour vers l'Europe à Mombasa.

 

La troisième,  serait une très vieille histoire. La rumeur d'un règlement de compte au milieu duquel nous nous trouvons par hasard circule. Nous serions devenu le prétexte attendu pour une scéance de "ménage local"... L'avenir nous le dira. Si le grand braconnage s'intensifie ou non dans cette région c'est que cette rumeur était la bonne hypothèse.

 

Ayant les photos principales "dans la boîte" nous choisissons la sécurité d'une fuite intempestive. Au lever du jour nous quittons le camp en douce.

 

Comme pour confirmer notre choix la pluie se met à crépiter sur le pare-brise de notre avion au moment où nous quittons le sol du Mara en route vers Mombasa.

 

Avec un soupir de soulagement, je me dis que les autorités du Kenya devraient quand même prendre conscience  du fait que le Masaï Mara est un peu la vitrine du tourisme dans leur pays et qu'il s'y passe beaucoup de choses. 

 

L'industrie touristique Kenyane en vogue actuellement "surf" au sommet sur la vague du succès international... le "splash" peut être très brutal si rien n'est fait pour mettre des gens responsables et compétents à des postes aussi importants. Les conséquences d'un tel crash peuvent être désastreuses pour l'économie et la stabilité du pays si  par malheur cela se produit.

 

Encore une fois le décor volcanique de la Rift Valley s'offre à nos yeux et nous laissons les lacs Magadi à gauche et Natron sur notre droite avec à son extrémité le volcan Ol Donio Lengaï (montagne sacrée des Masaïs). 

 

Un peu plus tard, à notre passage, le Kilimanjaro se découvre et soulève un instant son chapeau de nuages comme pour nous saluer.

 

La journée à Mombasa se passe sans encombre et après un gueuleton de langoustes et de crabes au fameux restaurant "Tamarin", nous nous retrouvons sans transition dans l'antichambre d'un monde moderne, en vol à 900 km/h à 11 000 mètres d'altitude , bichonnés par une équipe d'hôtesses de Lauda Air. La complicité qui règne dans notre groupe les intrigues et très vite elle nous posent quelques questions...

 

Quand je pense que pour un de mes nouveaux amis ce voyage est sa première escapade en dehors de notre douce France ! 

 

"Vive le tourisme!" s'esclaffe- t-il au même instant.

 

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texte par Alain Guillou
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ENGLISH TEXTE






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GERMAN

 

ALAIN & EWA GUILLOU Reporter Photographe, 5 rue Pasteur 44490 Le Croisic.

France

Tél.: (33) 40 23 22 75 / Fax : (33) 40 23 28 44

 

 

 

WORLD WILDLIFE

 

Der Französuches Fotograf und Hängegleiterpilot Alain Guillou hat zur Waffe gegriffen, einer Leica. Seine Fotos - Flugaufnahmen die er mit dem motorisierten, Gleitschirm gemacht hat - sollens ins Gewissen rufen : Rettet die Elefanten ! Denn sie sterben aus, wenn wir untaätig bleiben. Erschreckende Bilanz : Vor zwei Jahrzehnten waren es alleine in Kenio noch eine Viertelmillion dieser Tiere, heute sind es weniger als 20 000.

 

Es war ein gemütliches Picknick. Die Gesellschaft sab'um ein Feuer. Der boy hatte es geschickt angefacht, noch bevor der kenianische Koch alle Utelsilien aus dem Geländewagen holen konnte. Das Essen war kösllich. Nun SaB man in lockerer Stimmung beim Kaffee, der selbst aus den zerbeulten Bletchtassenherrlich schmeckte. Die trockene Steppe hatte ebennicht nur hungrig gemacht.

 

Der wind strich sanft um die wenigen Blätter des karg geästelten Baumes, als der Gesellschaft das Trompeten eines Elefanten an die Ohren drang.Der Wildhüter, ein junger Massai, stand auf, lauschte. Doch als er sich lächelnd anschickte, wieder Platz zu nehmen, zerriB plötzlich ein mörderischer Lärm die idyllische Stille.Salven von Schüssen aus automatischen  Waffen dröhnten über ber Massaï Mara : Eine andere Gesellschaft löschte i weningen Minuten eine ganze Elefantenherde aus. Nachdem die Wilderer mit Motorsägen das Elfenbein abgetrennt hatten, waren sie auch schon wieder unerkannt verschunden.

 

Das war vor über einem Jahrzehnt gewesen, an der Grenze zu Tansania. Der Franzose Alain Guillou hatte dammals am Feuer gesessenn dem friedlichen Passeln zugehört, als er jäh mit der Handlungsweise einer anderen Klasse von Menschen konfrontiert wurde. Seine Fotos der toten Herde empörten damals die Welt, doch glaubte Guillou, daB die Bilder zu wenig bewirkt hatten : Die Nachfrage nach Elfeinbein hörte nicht auf. Die mörderische Jagd ging weiter.

 

So schwor er sich, jede Gelegenheit wahrzunehmen, um auf das Probelm aufmerksam zu machen. Doch wer will andauernd vom Ausrotten wilder Tiere im fernen Africa hören ?

 

 

Guillou drehte den Spieb um : "Ich muB zeigen, wie schön diese Tiere sind. Immer wieder ! Man muB vor Augen führen, wie einmalig diese Gegend ist. Mit aller Eindrücklichkeit !" Guillou begann regelmäBig die Reservate zu besugchen, stets bewaffnet mit seiner Kamera.Bei seiner letzten Reise waren auch zwei Freunde mit dabei: Philippe Laville und Philippe Jeorgeaguet. Sie verhalfen dem begeisterten Drachenund Gleitshirmpiloten mit einem Rucksack-motor-System zu einer fliegenden Plattform, die ihm eine völlig neue fotografische Perspecktive ermöglichte. Das war wichtig, denn je schöner und ausgefallener die Fotos, desto gröBer die Chance, daB sie in den namhaften Illustrierten der Welt erscheinen. Und damit wächst auch die Wahrscheinlichkeitn daB die Hilferufe des Worl WIld Life Found nicht auf tabe Ohren stoBen.

 

Alain Guillous Rechning ging auf: Seine Fotoserie, Rettet die Elefanten 'wurde ein Illustiertenhit.Mit den Einnahmen kann er jetzt seine nächste Aktion im Kampf für gefährdete Tiere finanzieren.

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Pionierflug übers Paradies

 

Das war wohl die verrükteste FotoSafari in der Geschichte Kenias : Drei französische Abenteurer überflogen das afrikanische Savannen-Paradies mit motorisierten Gleitshirmen. Weder Tiere noch Eingeborene liessen sich allerdings von den "schrägen Vögeln" aus der Ruhe bringen.

 

 

Initiant des wahnwitzigen Unternehmens war Alain Guillou, Fotograf und begründer der Ballon-Safaris über Kenias Naturparks. Zusammen mit sienen beiden Piloten Philippe Laville und Philippe Jeorgeaguet musste er erst mal sämtliche ihnen Kenias Bürokraten in de Weg legten. "Bei den Verhandlungen zog dann in erster Linie ein Argument : etwas Bakschisch hier, etwas Schmiergeld da" erinnert sich Guillou.

 

So geland es drei Musktieren, das ganze Flugmaterial ohne langwierige Untersuchungendurch die Sicherbeits-Kontrollen auf Mombasas Flughafen zu bringen. Und bereits am folgenden Tag bereiteten sich die Walhälse inder Nähe von Amboseli au ihren Flug vor.

 

Zu spät bemerkten sien dass sich in der Nähe ihres Abflugplatzes eiene Elefantenherde befand. Die Dickäuter liessen sich von den farbenprächtigen Schirmen aber glücklicherweise nicht stören und stampften ungerührt an der teuren Ausrüstung vorbei.

 

Der erste Flug verlied reibungslos, und die Elefanten-Aufnahmen waren im Kasten. Nch der Landung kamen die Piloten allerdings doch noch ins Zittern. Zwei Elefanten trennten sich von der Herde und steuerten schnurstracks auf die Gleitschirmmotoren zu. Ihre Absichten waten aber alles andere als böse ; Die beiden Elefanten paarten sich in aller Ruhe, nur wenige Meter von Guillous Jeep entfernt.

 

Da blieb sogar dem kenianischen Fürer die Spucke weg : "Elefantenpaarungen bekommen Menschen selten zu sehen. Und schon gar nicht zwischen zwei Männchen wie hier!"

 

Höhepunkt der Gleitschirm-Safari sollten die Flüge über dem Gebiet der "Masai Mara Game Reserve" werden. Während seine beiden Piloten knapp über den Köpfen einiger Löwen schwebten,fotgrafierte Guillou vom sicheren Jeep aus die gefährliche Szene - und schwitzte dabei Blut : "Nicht auszudenken, was passiert wären, wenn ein Motor ausgesetzt oder eine Turbulenz die Piloten zur Landung gezwungen hätte" 

 

Kaum waren die letzten Löwen-Bilder geschossen, verhängten die Behörden des Naturparks ein Flugverbot und überwachten fortan heden Schritt der französischen Abenteurer. Der Grund für das seltsame Verhalten wurde nicht angegben. Da gleitchzitig auch die Regenzeit einsetzten beschlossen Guillou und seine Kumpane, so schnell wie möglich zu verschwinden und so weitere finanzelle Forderungen zu umgehen.

 

Im Morgengrauen schilchen sich die drei Heldren aus dem Camp, packten ihre Utensilien ins Flugzeug und verkrümelten sich Richtung Mombasa. Zwei Tage später landeten sie sicher in Frankreich.

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